Le tract à Superflux
Le plus fidèle compagnon
Jexplore le moindre trou à rat, jerre dans les galeries les plus basses, je parcours les plus infâmes recoins des catacombes et cela dans un but unique : la fête cataphile. Ce soir, Je nai aucune idée du lieu où elle se déroule, nul na tenu à me le dire, les autres habitants des lieux ne songent pas souvent à minviter. Pourtant, je suis certain de la rejoindre, guidé par mon instinct de créature souterraine. Alléché par lodeur de nourriture grillée, attirée par le grondement sourd des djambé et le souffle guttural des djeredoo. Des tracts traînent le long des galeries mais jai choisi de les ignorer. Je préfère pister dans lombre et à distance les bruyants participants de cette réunion. La foule qui rejoint la salle des festivités est de plus en plus nombreuse, menée par " carmina burana " comme les rongeurs suivant le joueur de flûte du conte denfant.
Enfin la salle illuminée par léclat de centaines de bougies mapparaît comme une caverne des mille et une nuit. Moi qui ai lhabitude dévoluer dans la pénombre ; je suis ébloui par cette carrière dont les moindres recoins sont dévoilés par lintense clarté. Tout mon corps vibre en harmonie avec la fête. Tout nest quéclat, volute de fumée et odeur alcoolisée.
Peu à peu les bougies se sont éteintes et les cataphiles ont déserté la fête. Je me suis toujours tenu tapi dans un recoin alors que mes congénères me rejoignaient en grand nombre. Nous commençons à former une masse compacte que les derniers fêtards, trop défoncés nont pas remarquée. Aucun son ne sest fait entendre depuis plusieurs minutes lorsque nous passons à lattaque. Le sol est recouvert de déchets. Notre temps est venu, une pulsion frénétique prend possession de nous pendant que nous nous livrons à lorgie de détritus. Un bruit nous met tous en alerte, reviennent-ils pour nous enlever notre précieux trésor. Non, il sagit dun retardataire endormi à même le sol, un tas de canettes de bière répandu à ses pieds. Je mapproche de lui en silence. La vue de cette masse de viande si vivante, si nourrissante me fait vaincre ma peur.
Je suis le premier représentant de ma race à oser mattaquer à un humain. A voir lardeur quon mis mes camarades à me suivre, je ne serai sûrement pas le dernier. La pauvre chose ne sest même pas réveillée quand nous avons commencé à le ronger avec nos incisives. Ce nest que lorsque nous avons mis à nu sa moelle épinière quil a eu un dernier sursaut de conscience. Cétait juste avant que je ne lui ôte la vie. Il est alors retombé lourdement parmi ses propres ordures. Ces dernières ne nous intéressent désormais plus, mon peuple de lombre a goutté au sang chaud et il ne pourra plus sen passer. Je suis le plus fidèle compagnon du cataphile. Je suis le rat qui la toujours accompagné pour mieux récolter ses déchets. Il ne le sait pas encore, mais je me suis approprié les catacombes de Paris. Dans ce milieu où bientôt je serai roi, de rongeur je suis devenu prédateur.
Superflux
Dédicace à Benjam, glops, Zanka, vax, dash, gontrand, az, axan, tommy, fêtard, limkha, actarus, néo et les ktagones. n° / 36
Remontez vos ordures. Gaffe aux rats, ce nest pas toujours ceux quon croit ! Tract à superflux n° 9. Posé le /02/2000.