Le Tract à Superflux
lappel de la carrière
La descente dans le XIV tournait à sa fin. Epuisé par nos explorations souterraines nous regagnons heureux mais fatigué la sortie. Après un bref arrêt dans la salle en bas de lescalier, le groupe se leva pour le gravir. Je demeurais quelques instants seuls, profitant du calme de la pénombre après une nuit si agitée. Cest alors que surgit, sans que je laie entendu approcher, une fille portant à son cou un collier de cyalumes verts. Elle me demanda sans préambule " Tu connais la salle du bélier ? ". Comme justement on en venait je lui proposais de lindiquer sur un plan. " Non je nen ai pas, emmène moi plutôt ".
Je la considérais gravement, sans doute plus que la situation ne le réclamait. Cest devant ma mine soucieuse quelle éclata de rire. " Je ne vais pas te manger " Cest ce rire cristallin et de la soudaineté de son apparition qui ma décidé à la guider. Je hurlais à mes amis déjà engagés dans la chatière de sortie, quelques mots qui les inquiétèrent plus quautre chose. Sans attendre leur réponse je partis, la fille sur mes talons dans le passage bas ramenant au boulevard brune. Je courrai presque pour abréger le calvaire de mon grand corps cassé en deux alors que la fille déplaçait avec agilité son gabarit adapté à la galerie. Parvenu à la galerie de câble, je métirais tout en observant ma compagne.
Son collier de lumière renvoyait une lumière irréelle sur son visage diaphane. De longues boucles débène tombaient sur ses épaules. Derrière son nez retroussé se cachait ses yeux de jade. Dun noir si profond que je ressentais comme du vertige à les contempler. Tout de noir vêtu, elle semblait parfaitement à laise dans son milieu. Sans échanger un mot nous reprîmes la marche.
Dans la dernière ligne droite, elle ne tenait plus en place et me doubla sans crier gare. Je laissais tomber ma lampe quand elle me bouscula, le temps de la ramasser la fille avait disparue. Je voulus lappeler mais je ne connaissais même pas son nom. Indécis je me préparais à revenir vers la sortie lorsque jentendis un chant, comme un appel. Il était mélodieux et très aigu. Et plus je me concentrai sur ce son plus je me sentais tout emplit par lui. Ce chant mensorcelait mais je nen avait pas conscience. Jatteignais un haut niveau de plénitude. Cela semblait provenir de la galerie du bélier. Je my engageais comme hypnotisé.
La salle du bélier était vide mais le chant repris et il mattira vers la galerie du Viandox. Je nai pas eu conscience immédiatement quelle était inondée. Ce nest que lorsque leau mest arrivée au-dessus des bottes que jai aperçu leau et les milliers de petits points lumineux qui lhabitait. Ces poussières détoiles majestueuses de toutes les couleurs se déplaçant majestueusement au grés de mes mouvements. Elles semblaient nager autour de moi. Et toujours ce chant de sirène mattirait plus loin.
Parvenu à lossuaire du Viandox une très légère brume emplissait la pièce. Jéteignis ma lampe pour contempler les milliers de points lumineux qui constellait les murs. Le chant se faisait encore plus présent, il semblait provenir dune longue chatière dossements. Je me suis arrêté à son entrée, partagé entre le désir de retrouver la fille et la prudence qui me dictait de revenir vers la sortie. Cest la raison qui finalement la emporté, le charme qui me retenait sest brisé. Le chant cest tu dès que jai tourné les talons.
Je ressortais à lair libre au petit matin. La ville de surface reprenait vie. Le chant de la carrière emplissait encore mes pensées et je savais que bientôt, irrésistiblement attiré, je répondrais encore à lappel de la carrière.
Superflux
Déd. à Dash, Vax, Globe, Konogan, Zanka, Béa, Crapaudine, David, Alain & Nimol, et spéciale déd. pour Cynthia la fille des carrières.
Remontez vos ordures. Soyez discret en descendant.
Tract à superflux n° 10. Posé le / / 2000. n° / 34